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Non à l’initiative de mise en œuvre !

Le 28 février 2016, la Suisse votera sur l’initiative de mise en œuvre. Le débat auquel on assiste actuellement est âpre et passionné. La FSCI se voit dans l’obligation de prendre position sur le sujet du point de vue juif. Après que la FSCI ait fait connaître sa position dès le 25 janvier, dans le cadre d’un communiqué de presse, son président, Herbert Winter, s’est adressé à la communauté juive, lui lançant un appel pressant dans Tachles. Trouvez ici la traduction du message en français:

Le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann a offert ses compliments aux juifs de Suisse lors de la célébration des 150 ans de l’égalité des droits. Il a souligné que, sans ses citoyens et citoyennes juifs, notre Suisse ne serait pas devenue ce qu’elle est aujourd’hui : un Etat fort, qui se distingue par sa diversité culturelle, par son succès, par sa tolérance. Depuis cette émancipation, souligna le président, nous, les juifs de Suisse, participons activement à la construction de la Suisse.

En principe, il n’y a rien à ajouter à cela. Aujourd’hui, nous allons mieux que jamais, à l’exception des problèmes de sécurité notoires. Nous nous échangeons avec nos concitoyens d’égal à égal. Malgré tout, nous ne pouvons pas simplement nous reposer sur nos lauriers. La justice, la démocratie, la liberté ne sont pas des objectifs que l’on peut atteindre une fois pour toutes. Il faut les défendre en permanence. Le 28 février, nous aurons à nous défendre contre une nouvelle attaque frontale contre ces valeurs, en opposant un « non » ferme à l’initiative de mise en œuvre.

Cette initiative remet en question l’Etat de droit, qui ne peut pas fonctionner sans appliquer le principe de la proportionnalité, sans respecter le droit international, sans protéger les droits de l’homme. Prenons un exemple : Par mégarde, un immigré de la seconde génération, qui a fait sa scolarité en Suisse, qui travaille, qui vit ici avec sa famille circule à 50 km/h dans un quartier, alors que la vitesse maximale est de 30. Un an plus tard, il vole une pomme dans le jardin du voisin, qui l’attrape et qui porte plainte. Si l’initiative est adoptée, un ressortissant étranger serait immédiatement expulsé dans ces circonstances. Une punition aussi dure irait à l’encontre de deux valeurs fondamentales de l’Etat de droit : elle est disproportionnelle et elle enfreindrait le droit humanitaire à la protection de la famille. Elle est donc inacceptable, aussi dans le contexte des valeurs juives.

Bien entendu, notre démocratie ne va pas s’effondrer immédiatement si le peuple adopte l’initiative de mise en œuvre. Pourtant, l’adoption d’une telle législation minerait l’Etat de droit et remettrait en question les droits de l’homme. La collecte de signatures est en cours pour l’initiative suivante qui poursuit un objectif similaire : L’initiative « Le droit suisse au lieu de juges étrangers » vise à affaiblir encore davantage les droits de l’homme et la protection des minorités.

Personne ne s’oppose à l’expulsion de personnes ayant commis des crimes graves, ce qui est déjà possible sans problèmes, même sans l’initiative de mise en œuvre. Nous voulons tous une Suisse sûre. Personne ne remet en question le principe démocratique de la décision majoritaire. Pourtant, il existe des valeurs qui priment sur la volonté de la majorité : Même la majorité de la population, par exemple, n’aurait pas le droit de décider d’expulser tous les juifs du pays. Une démocratie qui ne respecte pas les droits de l’homme et le droit international n’est rien d’autre qu’une dictature populaire. L’histoire juive nous a montré de façon très douloureuse les dérives possibles d’une dictature. Nous, les juifs de Suisse, n’avons pas obtenu l’égalité en droits dont nous jouissons aujourd’hui uniquement grâce à la bienveillance de la majorité. Plusieurs Etats étrangers ont mis la Suisse sous pression. Ils ont insisté pour obtenir l’émancipation des juifs, en faisant appel à des valeurs telles que l’égalité de tous les êtres humains.

Que personne ne croie que cette initiative ne concerne pas les juifs, puisque la plupart d’entre nous possèdent un passeport suisse. Si l’Etat de droit et le respect des droits de l’homme s’effritent, si la pression sur les étrangers et les minorités augmente, nous aussi, nous aurons à en pâtir, tôt ou tard. Les sondages semblent indiquer que la votation sur l’initiative de mise en œuvre se décidera de justesse. Nous, les juifs, pouvons avoir un impact sur le résultat de cette votation importante. Rendons-nous tous aux urnes et opposons un non ferme à l’effritement de l’Etat de droit et des droits de l’homme!

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