Prévention

La nouvelle volée 2018 de Likratinos et Likratinas en formation !

Une quinzaine d’adolescents juifs de toute la Suisse romande a participé à la formation Likrat Dialogue & Leadership fin août à Genève. Ces jeunes de 15 à 20 ans ont assisté à une formation d’une semaine organisée par la FSCI. Ils ont pu acquérir des capacités de leadership – s’exprimer et argumenter. De nombreux experts ont pu répondre à leurs questions sur des thèmes très précis en rapport avec leur identité juive, avec le fait d’être juif en Suisse, avec l’antisémitisme et Israël. Parmi eux, se trouvaient la représentante musulmane Lamya Hennache et la conseillère nationale Lisa Mazzone : elles ont été interviewées.

Pour la deuxième fois en trois ans, Likrat Romandie a recruté de nombreux jeunes juifs enthousiastes à l’idée de devenir les nouveaux Likratinos et Likratinas de la volée 2018. Du 20 au 24 août dernier dans les locaux de la Communauté Israélite de Genève (CIG), quinze jeunes juifs ont participé à un séminaire de formation avec des intervenants de haute qualité. Des journalistes, historiens, rabbins, spécialistes en islamologie, experts en communication et politiciens sont venus partager leurs connaissances avec les futurs Likratinos et Likratinas. Lamya Hennache, juriste et membre de la Commission bernoise pour l’intégration de la communauté musulmane a expliqué aux jeunes juifs les bases de l’Islam et a mis en avant les ressemblances entre le judaïsme et l’islam. Elle a été interviewée lors de son déplacement à Genève:

«Les enfants posent des questions sans réfléchir, qui sont pertinentes, spontanées et innocentes. Cela nous aide, nous adultes, à réfléchir plus profondément aux réponses que nous pouvons leur donner.» Lamya Hennache

Lamya Hennache, est-ce que vous pensez que nous arrivons à toucher les jeunes de la bonne façon?

Je suis très contente d’avoir été invitée pour animer cette session. Le projet Likrat est le projet idéal pour atteindre les jeunes et répondre directement à leurs questions. La meilleure manière de faire connaissance et de dialoguer ensemble, c’est de poser des questions, d’être présent en chair et en os.

Pensez-vous qu’en Suisse, les gens font les mêmes amalgames vis-à-vis des musulmans et des juifs ?

En Suisse on ne peut pas généraliser, il y a des gens qui sont aussi ouverts au dialogue et curieux, et ils s’intéressent aux autres. Par contre, ceux qui ne s’intéressent pas ont souvent des préjugés. En tant que musulmane, je connais les préjugés persistants contre la femme voilée[ML1] : elle n’est pas éduquée, cette femme est soumise, c’est son mari qui lui impose de faire ceci ou cela, elle n’a pas de personnalité indépendante. Ce sont des choses qu’il faut, au quotidien, toujours expliquer et démentir. En ce qui concerne les juifs, il y a aussi certains préjugés solidement enracinés dont les gens ne sont pas conscients et qui peuvent blesser un juif dans ses sentiments. Ce genre d’interventions Likrat permettent aux jeunes d’apprendre justement. Certains mots peuvent avoir des connotations antisémites mais on ne se rend même pas compte en les prononçant que c’est le cas et que cela peut faire mal. C’est difficile de sensibiliser les gens sur ce genre de subtilités.

Est-ce que vous trouvez que c’est difficile en Suisse de pratiquer l’islam? Comment ressentez-vous le regard des autres sur vous, une femme voilée?

Je suis en effet une femme qui travaille dans ce milieu, pour essayer de contrer les préjugés et les stéréotypes. C’est vrai qu’il y a des regards accusateurs, et ces regards ont un lien direct avec l’actualité du jour dans les médias. Si quelque chose se passe, comme un acte terroriste, je me demande comment je vais gérer ça. Je me fais agresser verbalement et physiquement, quelquefois plus subtilement, par exemple je me fais bousculer. On me chuchote aussi à l’oreille « terroriste », « islamiste », « rentrez chez vous », « je ne savais pas que c’était aujourd’hui le carnaval ». Il y a pas mal de mots qui font mal, et c’est parfois dur de réagir car c’est souvent trop tard, les agresseurs sont déjà partis. Je pense tout de même que si les gens réagissent comme cela, c’est qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de rencontrer des gens comme moi, de s’assoir avec eux et de les côtoyer, afin de les comprendre. Mais je suis assez sûre que si ces gens avaient l’occasion de parler avec une musulmane ou un juif, ils auraient beaucoup moins de préjugés. A Genève, je ne me suis jamais sentie agressée, probablement parce que cette ville est plus internationale, mais en Suisse alémanique, cela m’est souvent arrivé.

En tant que musulmane, qui fait donc partie d’une minorité en Suisse, comment pensez-vous pouvoir toucher la population, entrer en contact avec elle?

De futurs projets? Ce qui pose problème à Berne, ou même au niveau national, c’est que c’est difficile car nous n’avons pas de porte-parole et nous ne sommes pas bien regroupés. Il y a tellement de communautés différentes, les Albanais, les Marocains, etc. Nous ne sommes pas homogénes et cela complique les choses. Il faudrait une organisation dans laquelle les gens travaillent ensemble sur des projets communs. Je pense que le projet Likrat est un très bon projet. J’aimerais faire la même chose pour les musulmans, mais pour ce faire, il faut être organisé, avoir des contacts, atteindre les jeunes. Le travail que Likrat fait atteint les jeunes, les futures générations. Nous pourrions aller encore plus loin et atteindre directement les enfants, les toucher de 10 à 12 ans. Les enfants posent des questions sans réfléchir, qui sont pertinentes, spontanées et innocentes. Cela nous aide, nous adultes, à réfléchir plus profondément aux réponses que nous pouvons leur donner.

«C’est important de renforcer la compréhension de l’autre, l’acceptation des différences et l’esprit critique des jeunes.» Lisa Mazzone

Lisa Mazzone, conseillère nationale et membre du parti Les Verts, est marraine du projet Likrat Romandie. Elle est venue parler aux futures Likratinos et Likratinas sur le « refus de l’injustice au Parlement Fédéral ». Elle a partagé ses expériences avec les jeunes, celle d’avoir été la plus jeune femme conseillère nationale il y a 3 ans. Lisa a répondu à nos quelques questions sur Likrat.

Que pensez-vous de la formation Likrat?

C’est important de renforcer la compréhension de l’autre, l’acceptation des différences et l’esprit critique des jeunes. La formation Likrat participe à ce renforcement. On ne peut qu’espérer que ce type d’ouverture sera offert à l’ensemble des jeunes, notamment par le biais du parcours scolaire.

Comment pensez-vous pouvoir aider les nouveaux Likratinos?

Je partage volontiers avec les jeunes, dans le cadre du projet Likrat comme dans d’autres contextes, mon expérience d’engagement et les prises de conscience face à mon rôle et à ma responsabilité personnelle qu’elle a fait naître.

Comment avez-vous décidé de devenir la marraine de Likrat Romandie?

Comme projet promouvant le dialogue et le respect de l’autre auprès des jeunes, Likrat me semble jouer un rôle positif. En particulier, il développe le sentiment de responsabilité des jeunes face aux atteintes au dialogue et au respect dont ils peuvent être les témoins.

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